28

VERS LES TUMULUS

Le ciel, à Aviron, n’avait guère été clément. Plus au nord, il s’était figé dans la grisaille. Les terrassiers impériaux s’étaient efforcés de rendre la route de la forêt carrossable. Elle était en maints tronçons recouverte de lattes, des madriers équarris et calibrés posés côte à côte. Dans certaines zones où la neige causait trop de dégâts, une armature soutenant une toiture de toile avait été dressée.

« Sacrés moyens, a fait observer Qu’un-Œil.

— Hmm. » En théorie, la menace du Dominateur avait été réduite à néant par le triomphe de la Dame à Génépi. Quelle débauche d’efforts pour maintenir ouverte une vulgaire route !

La nouvelle voie passait à plusieurs kilomètres de l’ancienne à cause de la crue de la Grande Tragique dont le lit continuait de se décaler. Le voyage d’Aviron aux Tumulus s’en trouvait rallongé de vingt kilomètres au bas mot. L’aménagement des derniers quarante-cinq n’était pas terminé. Ça n’a pas été une partie de plaisir.

Nous avons croisé quelques rares marchands qui redescendaient vers le sud. Tous ont secoué la tête en nous prévenant que nous perdions notre temps. La poule aux œufs d’or était morte. Les tribus avaient exterminé toutes les bêtes à fourrure.

Traqueur paraissait soucieux depuis le départ d’Aviron. Je ne parvenais pas à savoir pourquoi. Superstition peut-être. Les Tumulus restaient un site maléfique pour le commun des mortels, dans le Forsberg. Les mères invoquaient le Dominateur tel un croque-mitaine pour effrayer leurs rejetons. Bien que disparu de la circulation depuis quatre siècles, son aura n’avait pas faibli.

Pour couvrir les derniers soixante-dix kilomètres, il nous a fallu une semaine. Je commençais à m’inquiéter de ce temps qui filait. Nous n’aurions peut-être pas fini et réussi à rentrer avant l’hiver.

Comme nous nous avancions dans la zone défrichée devant les Tumulus au sortir de la forêt, je me suis arrêté et me suis exclamé : « Ce qu’ils ont changé ! »

Gobelin et Qu’un-Œil ont rampé derrière moi pour venir voir. « Mazette ! a couiné Gobelin. Comme tu dis ! »

Ils paraissaient presque à l’abandon. Un marécage dont seuls les tertres protubérants demeuraient identifiables. La dernière fois que nous étions venus, une armée d’impériaux débroussaillait, restaurait, s’activait dans un bourdonnement, un cliquetis incessant.

Un silence presque total régnait. Il me troublait plus encore que le délabrement des Tumulus. Une bruine dégringolait du plafond nuageux gris foncé. Le froid. Et pas un son.

Ici, la chaussée était partout recouverte de caillebotis. Nous sommes repartis à bord de notre chariot. Nous n’avons pas croisé une âme avant d’entrer dans la bourgade aux bâtiments délavés et décatis.

« Halte, que venez-vous faire ici ? » a crié une voix.

J’ai arrêté l’attelage. « Où êtes-vous ? »

Saigne-Crapaud le Chien, avec un zèle qui ne lui était pas coutumier, est allé renifler une guérite délabrée. Un garde en est sorti, s’est avancé sous la pluie et a grommelé : « Ici.

— Ah. Vous m’avez fait peur. Je m’appelle Bougie. De Bougie, Forge, Forge, Tailleur et fils. Marchands.

— Ouais ? Et les autres ?

— Forge et Tailleur sont dans le chariot. Lui, c’est Traqueur. Il travaille pour nous. On est de Roseraie. On a entendu dire que la route du Nord était rouverte maintenant.

— Eh ben, vous pouvez juger par vous-même », a-t-il répondu avec un petit rire. J’ai appris par la suite qu’il était de bonne humeur à cause du temps. C’était une belle journée pour les Tumulus.

« Comment on procède ? ai-je demandé. Où est-ce qu’on loge ?

— À la Venette Bleue, la seule auberge. Ils vont bicher d’avoir des clients. Installez-vous. Vous irez vous signaler au quartier général demain.

— Bien. Où se trouve la Venette Bleue ? »

Il m’a expliqué. J’ai claqué les rênes. Le chariot s’est remis en branle. « La discipline a l’air bien lâche, ai-je dit.

— Où voudrais-tu qu’on se sauve ? a répliqué Qu’un-Œil. Ils savent qu’on est ici. Il n’y a qu’une route pour sortir. Si on ne va pas se déclarer, il leur suffit de reboucher le goulot. »

Effectivement, ce bled produisait cette impression.

L’ambiance ici allait de pair avec le temps. Morne. Déprimante. Les sourires étaient rares et n’avaient qu’une vocation commerciale.

Le logeur à la Venette Bleue ne nous a pas demandé nos noms, il s’est contenté de nous faire payer d’avance. Les autres marchands nous ont ignorés bien que le commerce de fourrure, traditionnellement, soit un monopole d’Aviron.

Le lendemain, quelques autochtones sont venus examiner nos marchandises. J’avais emporté ce qu’on m’avait présenté comme des produits demandés, mais nous n’avons fourgué que de menues bricoles. Seules les liqueurs ont obtenu quelque succès. J’ai demandé comment il fallait s’y prendre pour entrer en contact avec les tribus.

« Attendre, il n’y a que ça. Ils viennent quand ils viennent. »

Cela réglé, je me suis rendu au quartier général. Il n’avait pas changé, les baraquements de la caserne autour étaient juste un peu plus décrépits.

La tête du premier soldat que j’y ai rencontré ne m’était pas inconnue. Il s’agissait de celui à qui je devais m’adresser. « Je m’appelle Bougie, ai-je déclaré. De Bougie, Forge, Forge, Tailleur et fils, de Roseraie. Marchands. On m’a demandé de venir signaler notre présence. »

Il m’a dévisagé bizarrement, comme si je venais de titiller le fond de sa mémoire. Mon visage lui revenait vaguement. Je voulais éviter que la question le taraude comme une dent cariée. Il finirait peut-être par trouver la réponse. « Ça a bien changé ici depuis la dernière fois que je suis venu, avec l’armée.

— Tout part à vau-l’eau, a-t-il grogné. Chaque jour c’est pire. Temps de chien, vie de chien… Mais tout le monde s’en fiche, hein ? On va finir par prendre racine. Vous êtes combien ?

— Quatre. Plus un chien, c’est de circonstance. »

Bévue. Il a fait la grimace. Aucun sens de l’humour. « Vos noms ?

— Bougie. L’un des deux Forge. Tailleur. Traqueur. Il travaille pour nous. Et Saigne-Crapaud le Chien. Faut l’appeler par son nom entier, sinon il se vexe.

— Z’êtes un rigolo, vous ?

— Hé. Y a pas d’offense. Mais un petit rayon de soleil ne peut pas nuire, par ici.

— Ouais. Vous savez lire ? » J’ai opiné du chef. « Le règlement est affiché là. Vous avez deux solutions. Soit vous y conformer. Soit mourir. Casier ! »

Un soldat est sorti d’un bureau en retrait. « Sergent ?

— Un nouveau marchand. Vérifications d’usage. Vous êtes bien à la Venette Bleue, Bougie ?

— Oui. » Le règlement n’avait pas changé. C’était la même affichette, décolorée au point d’en être presque illisible. En substance elle disait : N’approchez pas des Tumulus. Sans quoi, si d’aventure vous en réchappez, c’est nous qui vous réglerons votre compte.

« Monsieur ? m’a fait le troupier. Quand vous serez prêt…

— Je le suis. »

Nous sommes retournés à la Venette Bleue. Le soldat a examiné notre matériel. Il n’a tiqué sur rien, à part mon arc et notre armement fourni. « Pourquoi tant d’armes ?

— On a entendu parler d’échauffourées avec les tribus.

— Ç’a dû être grandement exagéré. Quelques larcins tout au plus. » Gobelin et Qu’un-Œil n’ont pas spécialement attiré son attention. Soulagement. « Vous avez lu le règlement. Respectez-le.

— Je le connais depuis belle lurette, ai-je dit. J’ai séjourné ici quand j’étais dans l’armée. »

Il a dardé sur moi un regard perçant, a opiné du chef et tourné les talons.

Nous avons tous soupiré. Gobelin a annulé le sortilège de dissimulation masquant le matériel que lui et Qu’un-Œil avaient apporté. Le recoin jusque-là vide derrière Traqueur s’est soudain encombré de tout un fourbi.

« Il va peut-être revenir, ai-je protesté.

— Pas question de maintenir un sortilège plus longtemps que le strict nécessaire, a déclaré Qu’un-Œil. Il y a peut-être quelqu’un dans les parages qui pourrait le détecter.

— Soit. » J’ai ouvert les volets de notre unique fenêtre. Les gonds ont grincé. « Mal graissés », ai-je commenté. J’ai embrassé la petite ville du regard. Nous nous trouvions au troisième étage de son bâtiment le plus haut en dehors de la caserne de la Garde. J’ai aperçu la maison de Bomanz.

« Hé, les gars. Visez un peu ça. »

Ils ont regardé.

« En rudement bon état, hein ? » La dernière fois, elle était à l’article de la démolition. Par peur superstitieuse, personne ne voulait l’habiter. Je me souvenais être allé traîner mes guêtres plusieurs fois autour. « Une petite balade, ça te dirait, Traqueur ?

— Non.

— À ta guise (avait-il des ennemis ici ?), mais je me sentirais mieux si tu m’accompagnais. »

Alors il a ceint son épée. Nous sommes descendus, sortis dans la rue – si toutefois ce bourbier méritait ce nom. Le caillebotis s’arrêtait à la caserne, une unique extension le prolongeait jusqu’à la Venette Bleue. Ailleurs, il n’y avait que des planches pour les piétons.

Nous avons fait mine de visiter. J’ai raconté à Traqueur des anecdotes qui remontaient à mon dernier séjour en m’inspirant d’assez près de la réalité. J’essayais de donner le change, de paraître volubile et enjoué. Je me demandais si je ne perdais pas mon temps. Apparemment personne ne prêtait attention à ce que je disais.

La maison de Bomanz avait été restaurée avec soin. Elle n’avait pas l’air habitée, pourtant. Ni gardée. Ni promue au rang de monument. Curieux. Au moment du souper, j’ai interrogé notre hôte. J’avais rapidement cerné sa personnalité, celle d’un imbécile enclin à la nostalgie. « Un vieux gars y a élu domicile il y a de cela cinq ans, nous a-t-il appris. Un infirme. Il vivait de petits boulots qu’il accomplissait pour la Garde. Retapait la baraque pendant ses moments libres.

— Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

— Il y a quelque temps, deux mois à peu près, il a eu une attaque, enfin on ne sait pas trop. On l’a retrouvé vivant mais légume. Ils l’ont ramené à la caserne. Autant que je sache, il y est encore. On le nourrit comme un bébé. Le gamin qui est venu vérifier votre chargement, c’est à lui qu’il faut demander. Choucas et lui étaient potes.

— Choucas, tu dis ? Merci. Un autre pichet.

— Psst, Toubib ! m’a soufflé Qu’un-Œil. Vas-y mollo sur la bière. Ce type la brasse lui-même. Elle est infecte. »

Il avait raison. Mais j’avais besoin de me mettre en condition pour réfléchir sérieusement.

Nous devions fouiller cette maison. De nuit nécessairement, avec l’aide d’un peu de sorcellerie. Ce qui impliquait donc de prendre le plus grand risque depuis les bévues de Gobelin et Qu’un-Œil à Roseraie.

Qu’un-Œil a demandé à Gobelin : « Tu crois qu’on aurait affaire à un revenant ? »

Gobelin s’est humecté les lèvres. « Faut voir.

— Comment ça ? ai-je demandé.

— Il faudrait que je voie ce type pour m’en assurer, Toubib, mais ce qui est arrivé à ce Choucas ne ressemble pas à une attaque. »

Gobelin a hoché la tête. « On dirait un type sorti de son corps qui se serait fait coincer.

— Peut-être qu’on pourra s’arranger pour lui rendre une petite visite. Et la maison ?

— D’abord, il faut s’assurer que ce type n’est pas le zombie de quelqu’un d’envergure. Par exemple le fantôme de Bomanz. »

Ce genre de conversation a le don de me rendre nerveux. Je ne crois pas aux fantômes. Ou disons que je refuse d’y croire.

« S’il est resté coincé hors de son corps ou si on l’a privé de son âme, il faut découvrir comment et pourquoi. Le fait que tout ça se soit déroulé dans le secteur où vivait Bomanz ne me paraît pas anodin. C’est peut-être quelque chose surgi de ce passé qui a perdu ce Choucas. Et nous pourrions nous perdre nous aussi pour les mêmes raisons, si on manque de prudence.

— Des complications, ai-je grommelé. Faut toujours qu’il y en ait. »

Gobelin a ricané.

« Toi, la ferme ! ai-je grincé. Ou je te vends au plus offrant. »

Une heure plus tard, un orage terrible a éclaté. Un vent hurlant a secoué l’auberge. Sous les trombes d’eau, des fuites se sont déclarées dans le toit. Quand je lui ai annoncé la nouvelle, l’aubergiste s’est emporté – pas contre moi, bien sûr. Manifestement, il était difficile de procéder aux réparations dans la situation actuelle, pourtant ces réparations s’imposaient pour éviter que la bâtisse ne tombe en ruine.

« Le pire, c’est cette saleté de bois de chauffe, l’hiver, a-t-il pesté. Pas moyen de l’entreposer dehors. Soit il finit enfoui sous un matelas de neige, soit il se gorge d’eau et ne sèche plus. D’ici un mois, la baraque en sera pleine du plancher au plafond. Le seul avantage, c’est que c’est toujours ça d’espace en moins à chauffer. »

Aux environs de minuit, après avoir laissé le temps à la relève de la Garde de sombrer dans une hébétude somnolente, nous nous sommes glissés dehors. Gobelin s’était assuré que tout le monde dormait à poings fermés dans l’auberge.

Saigne-Crapaud le Chien trottait en tête, aux aguets. Il n’a surpris qu’un quidam. Gobelin s’est occupé de lui. C’était une nuit à ne pas mettre un chat dehors. J’aurais donné gros pour être une de ces bestioles.

« Assurez-vous que la lumière est invisible de l’extérieur, ai-je recommandé une fois l’équipe introduite dans la maison. À tout hasard, je propose qu’on commence par l’étage.

— À tout hasard, a rétorqué Qu’un-Œil, je propose qu’on commence par vérifier qu’il n’y a pas de revenant ni de traquenard. »

J’ai jeté un coup d’œil vers la porte. Je n’avais pas envisagé cette possibilité avant d’entrer.

 

La Rose Blanche
titlepage.xhtml
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Cook,Glen-[Compagnie Noire-03]La rose blanche(1985).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html